HUMEUR : Penser global, agir local… et voter aux communales

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« Le » politique – grand tout indifférencié englobant les militants et le personnel des partis, les élus aux différents niveaux de pouvoir, les instances exécutives et organes législatifs sans oublier « l’administration », soit tous ceux qui touchent à la gestion des affaires publiques – souffre aujourd’hui d’une image déplorable déteignant sur « la » politique – c’est-à-dire « la vie de la cité » ou, dans une définition plus contemporaine, les théories qui fondent l’organisation et l’exercice du pouvoir dans une société. Si cette mauvaise réputation ancre ses racines dans les affaires éthiquement sinon juridiquement condamnables qui entachent régulièrement l’action de ces politiques fantasmés sans failles, elle se nourrit aussi goulûment de leur incapacité à réaliser les miracles qu’ils ont promis sans même y croire. Il en résulte un rejet souvent plus instinctif que raisonné du soi-disant « système » avec en corollaire des scrutins marqués par une abstention record et/ou l’émergence d’un populisme démagogique.

On ne dira jamais assez combien cette situation est préjudiciable à la vie démocratique et dangereuse pour notre vivre ensemble. Car par-delà leurs imperfections, leurs erreurs, leurs errements, leurs manques et leurs dérives, « le » et « la » politique restent les meilleurs garants de l’expression de tous et de l’intérêt de chacun. A l’échelle communale plus qu’à toute autre. La commune constitue en effet le cercle de pouvoir le plus proche de l’électeur ; c’est là que se dessinent le milieu et la qualité de vie des citoyens, que s’opèrent les choix qui amélioreront ou a contrario empoisonneront directement notre ordinaire. Car beaucoup plus de choses qu’on ne l’imagine se décident là : mise en zone 30 ou en piétonnier ; primes incitatives à l’achat d’un vélo ou la mise en place d’un compost collectif ; aménagement des espaces publics ; construction de logements sociaux ; création d’une crèche, une école, une piscine, un centre culturel… ; priorités pour l’engagement du personnel communal (propreté ? sécurité ? social ?) ; instauration de menus sains et/ou bio dans les cantines ; gestion plus ou moins restritive du CPAS ; etc. Sans compter les enjeux plus globaux – notamment la question climatique – qui se discutent à d’autres niveaux de pouvoir mais sont étroitement dépendants des politiques locales.
Autant le savoir… et y réfléchir à deux fois avant de céder à la tentation du doigt d’honneur brandi à « tous ces pourris » en votant blanc ou, pire, en donnant sa voix à un démagogue opportuniste. Il importe d’être conscient.e que par-delà son impact réel ou supposé sur le résultat des votes, ce (petit) plaisir solitaire paré des atours de la rébellion constitue de facto un renoncement au pouvoir de choisir et au droit de critiquer le et la politique à l’œuvre près de chez nous.

Le fameux « penser global, agir local » qui fonde l’écologie politique intègre parfaitement cette réalité. On peut d’ailleurs se réjouir de voir ce principe motiver désormais les multiples initiatives du « mouvement de la transition ». Ce serait toutefois une erreur de penser que cette démarche peut se substituer à l’action d’un pouvoir élu. Quelles que soient les valeurs humanistes qui les animent, les communautés « en transition » qui pensent et agissent au niveau du quartier ou de la ville pour rebondir face aux crises écologiques et économiques n’impactent en effet que ceux qui s’y investissent et ne disposent d’aucun outil pour influer significativement au-delà de leur propre cercle. Le rôle du et de la politique reste dès lors fondamental pour définir les orientations stratégiques de la société et, plus encore, pour assurer leur application équitable à travers des mesures contraignantes et redistributives. Si elles ont leur place pour favoriser, soutenir, renforcer voire corriger à la marge la gestion des affaires publiques, les initiatives citoyennes n’ont ni le pouvoir ni les moyens ni la vocation de s’y substituer.

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